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Culture du RGI avant maïs épi, une stratégie payante

La précocité du RGI assure une mise à l’herbe des génisses dès le début du mois de mars.

Au centre d’élevage de Poisy, dans des conditions pédoclimatiques favorables, un essai pluriannuel valide l’intérêt du ray-grass d’Italie en culture dérobée, dont la production compense la perte modérée de rendement du maïs.

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À 500 mètres d’altitude, sur les contreforts du massif alpin, l’exploitation du lycée agricole de Poisy implante chaque année une association RGI-trèfle incarnat avant un maïs. Cette pratique est mise en œuvre sur des sols argilo-calcaires de bon potentiel et bénéficie d’orages d’été très propices à la culture du maïs.

Concrètement, la dérobée, semée début juillet derrière une orge, autorise une première exploitation au pâturage mi-octobre, puis en sortie d’hiver où la précocité du RGI assure une mise à l’herbe des génisses dès le début du mois de mars. « À cette période encore humide, nous acceptons un peu de piétinements, car les parcelles seront labourées avant le semis de maïs, précise Romaric Puthod, responsable de l’exploitation. En zone IGP tome de Savoie, avec une alimentation sans ensilage, nous misons sur une valorisation du RGI au pâturage qui contribue à la maîtrise du coût alimentaire. » En sortie d’hiver, deux lots de 14 génisses vont tourner sur une quinzaine d’hectares divisés en 4 ou 5 parcelles d’environ 3 ha conduites au fil avant, soit trois à quatre jours de présence par parcelle. Sur la base d’un chargement de 1,1 UGB/ha, ce cycle de pâturage assure une alimentation 100 % à l’herbe avant la montée en alpage et le semis d’une variété de maïs plus précoce (indice 280-320). « Compte tenu de la vitesse de pousse du RGI, en fin de rotation, l’herbe est à un stade un peu avancé qui entraîne parfois des refus qu’il faut faucher. Le RGI fait ainsi partie d’une stratégie fourragère globale (pâturage de betterave et de chicorée) qui permet de sortir plus tôt en saison et de rentrée plus tard à l’étable pour compenser le trou d’herbe estivale, sans pénaliser la culture du maïs. »

Les non-alternatifs adaptés à un semis précoce

Sur l’exploitation, un essai pluriannuel mené en plein champ par le semencier RAGT permet d’objectiver l’impact de la dérobée sur le rendement du maïs. Dans le cadre de cet essai, le RGI est semé pur après une céréale lors de la deuxième quinzaine d’août, avec une herse étrille et un semoir pneumatique, suivi d’un roulage. Non exploité à l’automne, il est ensilé au printemps cinq jours avant le semis du maïs qui intervient, soit le 25 avril, soit le 10 mai. Résultats : en moyenne, sur dix campagnes (de 2014 à 2024), l’intégration du RGI n’a pas d’impact significatif sur le rendement du maïs épis semé le 25 avril ; le semis du maïs décalé au 10 mai pénalise le rendement de 6 %. Mais les données de 2024 indiquent que cette perte est compensée par la production de fourrages permise par le RGI (voir le tableau ci-dessous).

Ces essais ont aussi permis de tester deux types de RGI. Pour rappel, les variétés alternatives démarrent plus vite et peuvent monter à épis dès la première année du semis. Cette aptitude apparaît moins adaptée à un semis précoce comme pratiqué à Poisy, fin juillet-début août : si les conditions sont poussantes, le RGI peut monter à épis dès l’automne ; de même, un coup de sec de fin d’été va générer un stress pour la plante qui rapidement montera à épis ce qui épuisera ses réserves et sa capacité à passer l’hiver. « Dans cette situation, une variété non alternative ne va produire que de la feuille et ses réserves lui permettront de bien repartir en sortie d’hiver, explique Pierre Vallin, ingénieur cultures fourragères chez RAGT. Les variétés alternatives, seront mieux adaptées à un semis plus tardif d’automne et leur développement très rapide sera alors propice à une exploitation précoce au printemps. »

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